Communautés 360 :  plus d’un an après leur lancement, qu’en pensez-vous ?

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Le 30/06/2021

Créé au début de la crise sanitaire, le numéro 360 était censé s’accompagner de mesures fortes dans le cadre de la transformation de l’offre, avec la mise en place de communautés sur l’ensemble du territoire. Plus d’un an après le lancement de ce dispositif, l’Unapei a lancé une enquête dans son réseau pour mesurer leurs mises en œuvres et bénéfices concrets. 

Progressivement, le dispositif 360 initialement présenté comme exceptionnel pour répondre à l’urgence de la crise sanitaire a évolué pour devenir un élément phare du gouvernement pour accélérer la transformation de l’offre médico-sociale à grand renfort de communication vis-à-vis des acteurs concernés. Dès l’origine, l’Unapei a questionné les présupposés du dispositif 360 et notamment sa plus-value par rapport à la « réponse accompagnée pour tous ». Comme le confirme l’enquête menée au sein du réseau en mai dernier, les associations se sont impliquées, dans les départements où cela était pertinent et dans la plupart des cas lorsque des initiatives analogues étaient déjà en place.

Une méthode rejetée par les associations nationales

Malgré de fortes réserves sur le fond et sur la forme du dispositif, l’Unapei avec les autres acteurs associatifs nationaux s’est investie dans les groupes de travail lancés par le secrétariat d’État aux personnes handicapées. Au programme : la clarification du périmètre, des missions et de la gouvernance des communautés 360 avec en ligne de mire un cahier des charges et un accord de méthode.

Le secrétariat d’état aux personnes handicapées, visait une signature par les associations, le 11 février 2021, pour marquer l’anniversaire de la loi handicap de 2005. Ce ne fut pas le cas. Le cahier des charges soumis déléguait aux organismes gestionnaires l’entière responsabilité de l’offre d’accompagnement sur les territoires, sans prendre en compte les moyens humains et financiers nécessaires pour répondre aux situations repérées qui auraient dû être évalués en concertation entre organismes gestionnaires et financeurs. Depuis ce rejet par les associations qui ont dénoncé un désengagement impensable de l’état et de collectivités… plus de nouvelle.

Qu’en pensez-vous ?

Pour anticiper une éventuelle relance des communautés 360 en juillet lors du Comité Interministériel du handicap (CIH) en juillet, l’Unapei a souhaité recueillir les analyses des associations engagées dans ce dispositif. Les premiers retours démontrent que, les plateformes 360 répondent que très partiellement aux attentes des personnes, les solutions apportées auraient pu être proposées par les MDPH, ou par d’autres structures. Autre élément majoritaire essentiel : les solutions proposées ne sont pas pérennes. La pénurie d’offre d’accompagnements adaptés pour les personnes en situation de handicap n’est pas récente, et les associations Unapei qui dénoncent depuis ce manque depuis des années n’en sont pas responsables. Comme d’ailleurs imaginer qu’un nouveau dispositif « miracle » sans moyen compenserait cette réalité ?

De son côté le Secrétariat Général du handicap a indiqué en décembre dernier que les communauté 360 avaient majoritairement permis de proposer aux aidants des solutions de répit. Cela transparait également dans les réponses à l’enquête réseau, même si le nombre d’appels reçus par numéro 360 est insuffisant pour disposer de recul suffisant. Si c’est en soit positif, cela reste temporaire et insuffisant. Pour l’Unapei, la seule réponse valable pour les personnes en situation de handicap et par voie de conséquence pour leurs aidants familiaux reste une offre d’accompagnement pérenne et adaptée. Car, si les aidants s’épuisent, c’est d’abord et surtout parce que leurs proches ne sont pas suffisamment accompagnés.

Téléchargez ci-dessous les résultats de l’enquête Unapei

 

Un avenir pour les communautés 360 ?

Le dispositif actuel est insatisfaisant à bien des égards. Mais, le principe de « communauté 360 » est-il à rejeter en bloc ? Pensé différemment, il pourrait devenir un maillon important de la transformation de l’offre. Aujourd’hui, les communautés 360 concernent le secteur médico-social et sur de nombreux territoires, les acteurs coopèrent. C’est certainement encore à renforcer, mais est en soit insuffisant pour avancer vers une société réellement inclusive. Pour aller plus loin, ces communautés devraient rassembler également les services de droit commun : éducation nationale, services d’aides à domicile, logements, transports, services de santé, associations sportives et culturelles, lieux de loisirs et de vacances…

Renforcer les coopérations serait une source d’efficience pour identifier les axes de transformation de l’offre à soutenir par des moyens humains et financiers. Cela permettrait d’évaluer et de chiffrer objectivement et précisément les attentes et les besoins des personnes en situation de handicap dans leur globalité sur les territoires. Et ainsi alimenter les orientations et les financements les politiques publiques nationales et départementales, au travers des budgets dédiés pour les personnes en situation de handicap mais aussi via des budgets et réglementations de services de droits commun… Mais encore faudrait-il qu’une réelle volonté politique existe pour transformer la société.

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