Coryne Husse (Unapei) : « Une nouvelle opportunité de vivre chez soi sans être seul »

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Le 08/07/2020

Présenté fin juin au gouvernement, un rapport de Denis Piveteau et Jacques Wolfrom propose un nouveau modèle d’habitat inclusif pour les personnes en situation de handicap ayant besoin d’être soutenues dans leur projet d’autonomie. Vice-présidente de l’Unapei, Coryne Husse explique pourquoi l’Unapei soutient cette proposition.

Le rapport présenté par Denis Piveteau et Jacques Wolfrom avance l’idée d’un habitat « accompagné, partagé et inséré dans la vie locale ». De quoi s’agit-il ?

C’est un nouveau mode d’habitat qui est proposé aux personnes en situation de handicap, mais aussi aux personnes âgées, qui souhaitent vivre chez elles. L’objectif est de leur donner les moyens d’accéder à un chez soi, au cœur de la vie locale, tout en écartant les risques d’isolement grâce à la mise en place d’un accompagnement adapté et de qualité et au partage de certains moments de vie avec d’autres. C’est pourquoi on parle d’habitat API (accompagné, partagé et inséré dans la vie locale). Ce rapport répond en tous points aux revendications de l’Unapei et s’inspire, dans sa philosophie, des travaux du Collectif Habitat que nous avons constitué depuis quatre ans avec différents acteurs représentant les personnes en situation de handicap.

La Loi ELAN parlait déjà d’habitat inclusif. Quoi de nouveau avec l’habitat API ?

La méthode, tout d’abord. Pour construire leurs propositions, les rapporteurs ont réalisé un gros travail de consultation des associations, des acteurs du secteur social, médico-social et du logement. Ils ont appuyé leur réflexion sur ce qui se vit sur le terrain et s’emploient à lever les obstacles rencontrés par les personnes dans leur choix d’habitat et de mode de vie. Car ce dont elles ont besoin, c’est avant tout de souplesse et d’adaptabilité.

Le rapport préconise surtout de permettre à la personne en situation de handicap d’assurer elle-même le pilotage de sa vie en bénéficiant de tout l’accompagnement nécessaire. Des personnes porteuses d’un handicap intellectuel qui n’avaient jusqu’ici pas d’autre choix que de vivre en établissement ou chez leur parents devraient ainsi se voir offrir la possibilité, si elles le souhaitent, de  « vivre chez elles sans être seules ». C’est une ouverture très importante pour les publics accompagnés par le mouvement Unapei.

Concrètement, cela repose sur un système d’aides personnalisées.

Oui, la question des ressources est centrale. Le rapport propose la création d’une nouvelle aide individuelle à la personne, l’Aide à la vie partagée (AVP) et, en complément, d’un « forfait de services mutualisés » qui serait accessible aux personnes jusqu’ici non éligibles à la prestation de compensation du handicap (PCH). De fait, un grand nombre de personnes handicapées intellectuelles n’entrent pas dans les critères d’attribution de la PCH. Elles se voient ainsi privées de moyens essentiels pour vivre en autonomie. Le système d’aide proposé serait donc une formidable avancée, réclamée de longue date par l’Unapei.

En quoi le secteur médico-social est-il partie prenante de ce nouveau type d’habitat ?

Il est totalement associé à la démarche. Dans le cadre de l’habitat API, les compétences  médico-sociales ont un rôle fondamental à jouer dans l’accompagnement à la vie quotidienne mais également dans le parcours de vie des personnes. Le rapport souligne l’importance de cette implication, ce qui n’était pas le cas de la loi ELAN. Mais il va plus loin en appelant à création d’un véritable écosystème autour de la personne associant non seulement le secteur médico-social mais aussi l’ensemble des acteurs locaux : les administrations, les collectivités, les bailleurs sociaux… Il s’agit de décloisonner les interventions pour permettre aux personnes de vivre et d’évoluer dans un environnement accueillant et bienveillant. C’est à cette condition qu’elles pourront bénéficier d’une vie sociale choisie, décider librement de leurs activités et de leur rythme de vie et participer pleinement à la vie locale

Ce rapport n’est pour l’instant qu’une proposition. Quid de la mise en œuvre ?

Le rapport est entre les mains des administrations concernées qui ont commencé à y travailler. C’est un dossier très technique dont les modalités doivent être précisées. L’Unapei sera associée à ces réflexions et sera force de propositions. Nous serons très attentifs à l’avancée de ces travaux. C’est une approche qui s’inscrit totalement dans le projet société inclusive et solidaire que nous défendons et c’est surtout une formidable opportunité d’élargir la palette de solutions proposées aux personnes en situation de handicap et à leur famille.

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