Portrait de Thomas - De la menuiserie au tennis de table, un double projet inclusif

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Le 24/02/2021

À l’âge où les enfants se rêvent en pompier, médecin ou instituteur, le jeune Thomas Sallier qui n’a alors que 9 ans et diagnostiqué autiste, n’a qu’une idée en tête : pratiquer le tennis de table. Portrait d’un jeune homme aussi habile avec ses outils de menuisier à l’ESAT Les Ormeaux de l’Adapei 37 qu’avec une raquette entre les mains. À 30 ans, il est aujourd’hui aux portes de l’équipe de France.

C’est en 2000, devant les JO de Sydney que Thomas s’enthousiasme pour la première fois devant un match de tennis de table. Bluffé par l’intensité des échanges et l’habilité des pongistes, le coup de foudre est immédiat. « C’est ça que j’ai envie de faire ! », enjoignant alors ses parents à lui trouver un club. La maman accède à sa demande, elle qui a pratiqué ce sport dans les années 1970.

 

Le sport, une école de la vie

C’est derrière le filet que Thomas canalise ses émotions, son stress, sa colère, et conserve son sang-froid, le rendant moins vulnérable dans la vie de tous les jours. Ce jeune homme bien dans ses baskets n’aime rien de plus que de se confronter à la belle incertitude de son sport : « Rien n’est jamais acquis, la force mentale peut renverser des montagnes et inverser le cours des matchs. » Comme elle peut aider à surmonter les péripéties de la vie serait-il tenté d’ajouter. Lors de sa première compétition, Thomas martyrise la petite balle blanche et met au supplice ses adversaires. La suite est inattendue : une qualification expresse pour les championnats de France de para tennis de table et une plongée aussi enthousiasmante qu’angoissante dans un univers encore inconnu. Personne n’y était vraiment préparé, la maman préoccupée par ce soudain chamboulement dans la vie de son fils et Thomas qui ne se sentait pas en mesure d’affronter seul ce quotidien bouleversé : « Mon arrivée soudaine dans le tennis de table de haut niveau représentait un défi auquel s’adapter rapidement avec le soutien de ma famille et des professionnels de l’accompagnement. »

 

Un exemple à suivre

Le tennis de table a agi comme un révélateur pour Thomas. « Partir en stage avec le pôle France, c’était apprendre à gérer mes affaires, mes heures de sommeil et ma récupération. » Poussé dans ses retranchements, Thomas a dû également composer avec un nouvel univers particulièrement anxiogène pour lui, les transports en commun. Aujourd’hui, se rendre en train au CREPS de Poitiers, son sac de sport en bandoulière, est un rituel hebdomadaire acquis. Thomas s’en réjouit. Le tennis de table lui a fait franchir bon nombre de paliers dans l’acquisition de l’autonomie, l’acceptation de soi et l’ouverture aux autres. Humble mais déterminé, Thomas transforme chaque nouveauté comme autant de challenges à relever. Les championnats de France ? Il espère y faire un podium. L’éventualité de participer aux championnats du monde ? C’est faire l’expérience fascinante de prendre l’avion ! Thomas n’en oublie pas moins de garder les pieds sur terre. « Je reconnais que cela n’a pas toujours été facile de trouver l’équilibre entre mon activité de menuisier en ESAT que j’adore et la pratique intensive du tennis de table. » Aujourd’hui, il mène ce double projet, endossant successivement avec la même aisance son habit de menuisier et sa tenue de sportif. Pour y parvenir, il sait pouvoir compter sur l’accompagnement sans faille de son « staff ». « Thomas prouve qu’il est possible de mener un double projet rendu possible grâce à la coopération tissée entre l’Adapei, le club et la fédération », explique Virginie Rideau, éducatrice sportive en Activités physiques adaptées et santé. Ce que ne dément pas Amandine Bauduin, son entraîneure de tennis de table au Réveil sportif de Saint-Cyr-sur-Loire : « Sans le lien avec l’Adapei, nous ne serions pas parvenus à une telle réussite dans l’accomplissement de Thomas. Il est devenu une vraie courroie de transmission avec les autres sportifs en situation de handicap. » et Marie-Hélène Lespine, présidente de l’Adapei d’Indre-et-Loire, de conclure : « Thomas représente un bel exemple d’inclusion sociétale à suivre pour toutes les personnes en situation de handicap. »

 

Laurent Pointier

 

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