Communiqué de presse

"Monsieur le Ministre, n'oubliez pas les enfants en situation de handicap"

Le 26/08/2020

L’Unapei et ses partenaires associatifs se mobilisent pour les milliers d’enfants en situation de handicap qui n’ont toujours pas de solution de scolarisation adaptée pour la rentrée

 

Paris, le 26 août 2020. Alors que Monsieur Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, s’apprête à tenir sa conférence de presse de rentrée cet après-midi en plein cœur de la pandémie de Covid-19, l’Unapei et ses partenaires lancent un cri d’alarme. A J-7, encore des milliers d’enfants en situation de handicap restent exclus de l’école.

Si la crise sanitaire a été révélatrice de nombreux dysfonctionnements et injustices à l’égard d’élèves en situation de handicap, elle doit aujourd’hui être un accélérateur pour installer durablement l’école de demain, une école réellement inclusive, ouverte et adaptée à tous.

Dans cette perspective, l’Unapei et ses partenaires appellent toutes les familles concernées à témoigner sur le site internet dédié www.marentree.org afin de révéler la non-effectivité du droit à l’éducation et proposent 4 axes d’actions concrètes pour rendre l’école accessible à tous, accompagner les familles sans discontinuité et optimiser les relations entre l’éducation nationale et les professionnels de l’ensemble de la communauté médico-sociale…

 

Quand les enfants seront-ils enfin tous entendus ?

Pour des milliers d’enfants en situation de handicap et leurs familles, la prochaine rentrée NE SERA PAS DIFFÉRENTE des autres : toujours le même parcours du combattant pour les familles qui n’ont pas de solution adaptée, toujours le même sentiment de rejet pour les enfants, et toujours le même goût amer de l’injustice qui leur est faite. Les enfants en situation de handicap et leurs familles sont contraints depuis des années de se battre pour faire valoir leur droit à l’éducation. Entre solutions inadaptées aux besoins de chacun ou absence totale de solution de scolarisation, les familles sont épuisées, abandonnées, et surtout, elles ne se sentent pas entendues. D’où la mobilisation de l’Unapei pour leur offrir un espace d’expression en ligne : marentree.org.  

« En juillet dernier, le ministère de l’Education nationale a mené une enquête auprès des enseignants, des familles et des lycéens[1], qui tire un bilan positif de la continuité pédagogique mise en place durant la période de confinement. Dommage que les familles avec des enfants en situation de handicap n’aient pas été consultées, car pour elles, la crise sanitaire a aggravé des conditions de scolarisation déjà difficiles engendrant perte de chances, fatigue, isolement, lassitude… leur parcours du combattant perdure » déclare Luc Gateau, président de l’Unapei.

 

Des engagements politiques… qui ne sont jamais tenus

En février dernier, le président de la République s’était engagé à ce qu’aucun enfant en situation de handicap ne soit privé de scolarisation à la rentrée. En juillet, le Premier Ministre s’est dit conscient que ces enfants ont été plus durement touchés que les autres par la crise sanitaire. Les ministres de l’Education nationale et du handicap n’ont de cesse de venter les mérites de sa réforme et la création du service public de l’Ecole inclusive initié en 2019… Et pourtant, à peine une semaine avant le retour des enfants à l’école, il faut ouvrir les yeux, l’engagement ne sera pas tenu.

« Arrêtons les belles déclarations, et agissons. Cette année encore, à travers la mobilisation #jaipasecole et le site marentree.org, des centaines de situations d’enfants isolés, qui prennent du retard dans leurs apprentissanges et leur intégration sociale, ont été mises au jour. Et nous savons tous que ces témoignages ne sont que la partie émergée de l’iceberg » poursuit Luc Gateau, président de l’Unapei.

 

L’Unapei et ses partenaires se mobilisent et exigent de véritables solutions

Une solution de scolarisation, ce n’est pas une solution « à temps partiel » ou une place par défaut (par exemple : une scolarisation à distance parce que pas d’ULIS, un maintien en crèche un jour par semaine parce que pas assez d’heure d’AESH à l’école maternelle, une scolarisation deux heures par jour, etc.). Tous ces enfants doivent disposer d’un accompagnement adapté à leurs besoins.

 

Axe 1 : un environnement scolaire et éducatif adapté et accessible

·         Des locaux accessibles à tous types de handicaps : accessibilité physique, mais également une attention apportée à l’environnement sonore et visuel, une signalétique accessible en FALC (Facile à lire et à comprendre)

·         Un aménagement d’espaces de répit pour les élèves et d’espaces dédiés pour les interventions des professionnels auprès des élèves (professionnels du médico-social, du médical et du paramédical, etc.)

·         Une mise à disposition d’AESH qualifiés à la hauteur des besoins des élèves

·         Des modules de formation effectifs pour les enseignants et l’ensemble de la communauté éducative

·         Des programmes scolaires et éducatifs aménagés, y compris pour les examens, avec des méthodes d’enseignement et pédagogie adaptées

 

Axe 2 : un accompagnement sans rupture des élèves et de leurs familles

·         Une mise en œuvre effective des notifications MDPH (réponse éducative effective pour chaque enfant) conformément aux souhaits des familles

·         Mise à disposition d’AESH qualifiés qui répondent aux besoins des élèves : modalité (AESH individuel ou mutualisé) et quantité horaire

·         Un interlocuteur identifié pour répondre aux familles en cas d’absence de solution ou de solution inadaptée en accord avec les souhaits des familles

·         Une continuité dans l’accompagnement lors des temps périscolaires

·         La création de dispositifs au-delà de 16 ans pour respecter le droit à la formation telle qu’affirmée dans la loi « Pour l’Ecole de la confiance »

 

Axe 3 : une collaboration renforcée entre l’Education nationale, le secteur médico-social et les intervenants libéraux quels que soient les lieux de scolarisation

·         Une évaluation qualitative et quantitative des équipes mobiles d’appui médico-social et des PIAL renforcés (Pôles inclusifs d’accompagnement localisés) pour avoir une idée de  leur impact sur la scolarisation  ainsi que l’élaboration de cahiers des charges en précisant les moyens alloués. Le fonctionnement de ces dispositifs doit se faire dans le respect du choix des familles.

·         Une participation pleine et entière des Unités d’Enseignement au sein de l’école et leur généralisation sur le territoire national

·         Une cartographie des dispositifs existants par territoire

·         Un bilan des comités départementaux de suivi de l’école inclusive et une évaluation post-rentrée 2020 des nouveaux dispositifs (livret de parcours inclusif, commissions d’affectation)

 

Axe 4 : une sensibilisation à grande échelle aux handicaps

·         Sensibilisation des élèves (handicap et vivre ensemble)

·         Sensibilisation des parents d’élèves (bénéfice de l’éducation inclusive pour tous)

·         Sensibilisation de l’ensemble des professionnels de la communauté éducative, y compris les intervenants lors des temps périscolaires et les responsables de petite enfance de la commune (outils pédagogiques)

·         Des actions de sensibilisation impliquant systématiquement la participation des familles

 

« Cette situation prolonge comme un puits sans fonds un confinement imposé depuis des années. Or, aujourd’hui, avec la crise Covid, nous avons tous compris la difficulté de « faire école à la maison », la difficulté de travailler avec des enfants à nos côtés… Après cette période éreintante, les aidants familiaux sont, plus que jamais, épuisés. Les enfants sont isolés et se sentent en rupture totale avec le reste de la société. Ce n’est plus acceptable » conclut Luc Gateau, président de l’Unapei.

 

Comment arrêter cette injustice ?

L’Unapei conseille à tout parent qui se retrouve sans solution de scolarisation adaptée pour leur enfant, de déposer un témoignage sur le site marentree.org, pour pouvoir révéler ce scandale perpétué d’année en année par l’Etat français. 

 

[1] Ipsos –Enquête auprès des enseignants, des parents d’élèves et des lycéens -Ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports –Juillet 2020

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